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Les campagnes de culpabilisation condamnant l’utilisation excessive de papier ont été particulièrement virulentes. Tendre vers le zéro papier était une démarche écologique parmi d’autres, comme réduire sa consommation de plastique ou de carburant issu de sources d’énergie fossile. Cependant, le papier a peut-être été un peu trop vite mis dans le même sac. D’autant plus que l’alternative proposée, le numérique, n’est pas vraiment exempt de défauts en matière d’impact écologique. Qu’en est-il vraiment de ce support millénaire ? Est-il destiné à devenir obsolète ou au contraire à reprendre une place plus importante dans notre quotidien ?
L’image négative dont souffre le papier
Il est bien connu que le bois est la matière première pour l’élaboration du papier. C’est pourquoi l’utilisation de papier est souvent inconsciemment associée à la déforestation. Cela renvoie d’autant plus une mauvaise image que l’arbre et le végétal sont très utilisés en communication pour symboliser l’écologie. De plus, l’industrie papier était connue pour utiliser beaucoup d’eau dans ses processus de fabrication ce qui a terni encore davantage son image.
Le papier est donc souvent perçu comme une denrée à économiser au maximum, au même titre que les carburants fossiles. Les secteurs privé et public se sont appuyés sur le sentiment de culpabilité associée à l’utilisation du papier dans leur communication pour vanter leurs avancées en matière de réduction du gaspillage, mais aussi pour inciter à passer au tout numérique. Le papier a en réalité souffert d’un certain nombre de croyances erronées.
L’utilisation plus raisonnée du papier reste malgré tout un objectif souhaitable que ce soit en entreprise, avec l’adoption d’une démarche RSE (responsabilité sociale des entreprises), ou dans le cadre de sa consommation domestique. D’après le ministère de l’Environnement, un employé de bureau consomme annuellement 70 à 85 kg de papier et ce dernier est le premier « déchet » des activités tertiaires.
Comment diminuer sa consommation de papier ?
Avoir une consommation plus raisonnée de papier, c’est à la fois bon pour l’écologie, mais aussi pour le portefeuille. On aurait donc tort de ne pas changer ses habitudes pour aller dans ce sens. La dématérialisation de vos documents est une piste a envisager, même si nous verrons que le numérique n’est pas vraiment une panacée en termes d’impact environnemental.
Une bonne pratique pour des fichiers volumineux consiste à imprimer ses documents sans les relier pour pouvoir facilement effectuer des modifications par la suite, sans avoir à relancer une impression complète. Enfin, sachez qu’il existe des grammages légèrement inférieurs au classique 80 g/m², avec des valeurs de 70 à 75 g/m². L’impression recto verso et une mise en page avec plusieurs pages par face papier sont également de bons moyens de minimiser sa consommation.
Parmi les autres pistes possibles, une des plus efficaces au bureau est de mettre en place un système de badge pour l’utilisation de l’imprimante. Il a été démontré que cela pouvait réduire jusqu’à 30 % du volume des impressions.
Papier vs numérique : la réalité
La Poste a récemment publié les résultats d’une étude comparative qui évalue l’impact écologique du papier et du numérique.
Contrairement aux idées reçues, pour les petits documents type factures, flyers et prospectus, l’impact en termes d’émission de gaz à effet de serre est quasiment identique pour le papier et le numérique (envoi par mail). En revanche, pour les documents plus volumineux, type catalogues publicitaires, le numérique émet 2,5 fois moins de gaz à effet de serre. La tendance est sensiblement la même pour l’impact environnemental global (prise en compte d’autres facteurs comme la pollution ou l’impact sur la santé). L’empreinte environnementale du papier et du numérique est similaire pour les petits documents. Pour les documents volumineux, le numérique reste le moins impactant pour l’environnement.
À noter cependant que si usage est fait de la vidéo côté numérique, alors le papier prend largement l’avantage. Plus les fichiers numériques sont volumineux, plus l’impact de leur stockage, particulièrement énergivore, pénalise la solution digitale.
Le papier a pourtant la fibre écologique
Face aux campagnes de communication en faveur du tout numérique, l’association Two Sides, créée en 2008 par des membres de la chaîne graphique, a contre-attaqué en rectifiant un certain nombre de préjugés portant atteinte à l’image du papier.
Il est bon de rappeler que le bois est une ressource renouvelable. Il n’y a pas de problème intrinsèque à utiliser cette ressource donc. Ce qui pose problème, c’est la mauvaise gestion des espaces forestiers dont est issu le bois. En Europe, le papier est essentiellement conçu à partir de bois provenant de forêts gérées de manière durable. Les certifications FSC et PEFC pour la gestion des forêts et les écolabels Ange Bleu et européen permettent de vérifier que le papier provient bien de filières responsables.
En réalité, le papier est un matériau durable qui peut traverser les siècles, contrairement aux périphériques de stockage informatique dont la durée de vie est de moins d’une décennie. Enfin, sachez que le papier possède un taux de recyclage particulièrement élevé (72,3 %).
L’impression sans reliure : une solution pour les documents volumineux ?
Comme le montre l’étude commandée par la Poste, ce sont essentiellement les documents volumineux qui posent problème écologiquement parlant. L’impression de tels documents reste cependant nécessaire, voire obligatoire dans certains cas (l’impression de documents académiques par exemple, comme des mémoires ou des thèses de doctorat).
Il est possible de réduire le gaspillage en optant pour l’impression sans reliure qui est une solution de choix lorsque des modifications régulières sont à prévoir. Ces modifications peuvent être tout simplement liées à l’orthographe ou à la réécriture de certains passages, mais aussi à des données qui nécessitent de changer régulièrement comme par exemple des prix.
Le plaisir retrouvé de l’utilisation d’un support qui a traversé les siècles
Avec l’explosion du contenu sur internet et la tendance à la sur-digitalisation, nous nous rendons de plus en plus compte des limites de la dématérialisation et nous redécouvrons par la même le plaisir du support papier. Pas de publicité intempestive accaparant notre attention, un confort de lecture inégalable, pas d’à-coup pénible lié au défilement de la page : il est particulièrement agréable de revenir à une expérience de lecture plus sobre après la saturation digitale.
L’association Two Sides a également commandé une enquête internationale auprès de 10 700 consommateurs. En plus du confort offert par le papier, il a été démontré que les lecteurs accordent plus de confiance aux articles lus sur support papier que sur internet. Par ailleurs, les consommateurs préfèrent lire la version imprimée des livres (72 %), des magazines (72 %) et des journaux (55 %) plutôt que leur version numérique. Enfin, 89 % des consommateurs pensent que le choix d’opter pour une communication imprimée ou digitale devrait être possible sans frais supplémentaire de la part des fournisseurs de services.
Verdict : faut-il délaisser le papier?
Après avoir servi de bouc émissaire dans des campagnes de greenwashing agressives, le papier est maintenant en voie de réhabilitation. Les messages du type « pensez à la planète, n’imprimez ce mail que si nécessaire » se font de plus en plus rares. La réalité c’est que le support papier est durable et écologique pour peu que l’on adopte certains réflexes visant à l’utiliser de manière plus raisonnée. De plus, face au numérique et son imbattable facilité à diffuser l’information, le papier apparait comme un support qui donne plus de valeur au contenu que vous souhaitez diffuser.
Source : https://www.laposte.fr/entreprise-collectivites/a-la-une/articles/faire-des-choix-eclaires